• Made In Ici

    Comme promis, voici mes aventures en arrivant sur place.

     

    D'abord, je te conseille de venir comme moi par Air New Zealand. Y a tellement personne dans leurs 777 qu’en général tu peux avoir ta rangée pour toi tout seul. Ce qui est plutôt sympatoche, parce que tu remontes les accoudoirs et hop, t'as un lit aussi plat que ceux qui ont payé la classe business, ces couillons.

    Bon par contre, faut pas s'appeler Maité. Parce que les accoudoirs remontent tout juste pour pouvoir s'allonger. Mais l'avantage, c'est que quand y a des turbulences, ils retombent et ça te fait un massage du dos. En fait ils ont tout prévu.

    Sauf le coup de l'avion qui a failli se crasher. Mais ça je te raconterai de vive voix, j'en fais encore des cauchemars. 

     

    Quand tu arrives à Hong-Kong, tu te demandes si ils ont pas oublié d'éteindre le chauffage. Fait tellement chaud que tu te déshydrates en 15 secondes chrono, pour ne ressembler qu'à un vieux pruneau d'Agen, même si ca te va bien.

    Traines ton boul' jusqu’aux douanes, où tu feras risette pour qu'on te laisse rentrer, avec un petit tampon dans ton passeport qui bave sur tes doigts. 

    Vas chercher ta valoche, et cherches le train qui t'emmène jusque dans la grand' ville. Subis au passage ton premier choc thermique, étant donné l'efficacité de la cloum du train. 15°C d'un coup, c'est pas ce qui a de mieux quand tu te traines une vieille crève occidentale (cf notes précédentes).

    Comates jusqu'à l'arrivée, change de train, constates que tu es le seul occidental de ton wagon.

    Arrives aux douanes de nouveau, fais mumuse avec les tampons, et débarques dans la ville qui va t'héberger 3 mois et demi. Et là tu commences à rigoler, parce que y a plus rien de traduit. 

     

    Si tu veux faire dans le fun, tu peux faire comme moi, c'est à dire aller chez Raoul gratter le cul des poules vers la gare qui abrite les trains pour Canton quand tu veux juste prendre le métro. Rends toi compte in extremis que tu vas pas au bon endroit, et cherches encore une vingtaine de minutes le métro.

    N'imagines même pas parler anglais, ça marche pas ici.

     

    Quand tu as enfin compris que le métro est tout neuf et pas complètement fonctionnel, trouves ta station pour ton hôtel, qui t'attend et même que t'as trop envie de te caler et de dormir pendant 20 jours.

    Sors à ladite station, et constates que rien n'est comme tu l'avais marqué sur ton plan pour y aller. Demandes ta route environ 20 fois, et constates qu'en plus de pas parler anglais, ils captent même pas les symboles latins. Pour obtenir la transcription, vas chercher quelqu'un qui parle anglais.

     

    Je te propose donc de chercher le Mc Do du coin, puisque ces ambassadeurs du bien-manger se doivent d’accueillir des étrangers (et donc de parler un minimum anglais). T'as de la chatte, y a quelqu'un qui peut jacter avec toi et transcrire ton truc. Tout content, tu sors chercher un tacos pour t'emmener à l'adresse fraichement récupérée.

    Mais quand 5 taxis d'affilée te disent que non, ils t'emmènent pas là bas, tu te dis qu'y a comme une couille dans le pâté. Tu vas donc de nouveau faire un bonjour au Mc Do, et Madame part en arrière boutique pour faire des recherches. Ce qui est génial ici c’est qu’ils sont super serviables, et ils bronchent pas du tout pour t'aider comme ils peuvent, ce qui est assez cool quand ca fait déjà 3 heures que tu erres avec ta valoche.

    Il en ressort que ton hôtel, ben il existe pas. Mais genre pas du tout. Bravo, tu viens de te faire niquer bien proprement, surtout que t'as déjà payé pour deux nuits. Donc Goodbye My Lover, Goodbye my friends, ta monnaie elle est dans ton cul.

    Heureusement, t'es gratiné parce que t'as le numéro de ta boss.

     

    Mais tu t'imagines bien que ca va pas être aussi simple. Tes téléphones, qui marchaient du feu de dieu à Hong Kong, ont décidé que l'accès au réseau t'es dorénavant interdit. Voilà.

    Je te dresse un petit bilan. Tu es crevé, une valoche à trainer, plus ton PC et un sac à dos, que tu surveilles avec tous tes yeux pour éviter de te faire piquer un truc, parce qu'il manquerait plus que ca. Tu peux appeler personne et t'es à la rue complet. Bienvenue mon grand.

     

    Pouvant pas retourner vers Hong-Kong, puisque tu n'as qu'un visa une entrée (en gros si tu sors, tu rentre plus), fallait que tu trouves un téléphone. Oublies les téléphones publics, qui sont d'un fonctionnement pas franchement intuitif (et pas traduits, tu t'en doutes).

    Direction donc l'aéroport de la ville, et là  les aventures en taxi commencent.

    J'ai déjà vu la conduite en Algérie, mais là, je dois avouer qu'ils se surpassent. Au début, je croyais que mon chauffeur se croyait au volant d'une McLaren, mais j'ai vite constaté  que tous se prenaient pour des Jim Clark, mais avec des voitures moins sympas. Imagine une quinzaine de Français, au volant de véhicules allant de la Renault 5 de 1915 au Q7 flambant neuf avec rétroviseurs en cuir de moule. Et qu'ils sont tous super énervés, pressés, en un mot comme en cent, au bord de la rupture d'anévrisme.

    Le résultat ne se fait pas attendre. La signalisation devient décorative, les feux rouges toujours verts et les ronds points se prennent par la droite ou la gauche, en fonction de la proximité de la sortie visée. Autant te dire que faut pas avoir envie de faire caca quand tu montes dans un tacos. Et qu’il faut faire gaffe à son cul quand t’es piéton.

     

    Le klaxon est également reconnu d’utilité  publique. Si tu n’entends pas un klaxon toutes les 30 secondes (au mieux), c’est que soit t’es sur la mer, soit t’es mort. Car ici, le rétroviseur n’a pas lieu d’être. Pourquoi l’utiliser ? Un coup de klaxon pour annoncer son arrivée, c’est tellement plus simple ! Ceci se généralise également sur les trottoirs, où les brêles sont reines et ont tôt fait de te le rappeler, à grands renforts de coup de klaxons. Ce qui te fait généralement sursauter tous les 15 mètres. Faut pas être cardiaque. Surtout quand t’en vois qui adaptent leurs klaxons pour qu’ils soient plus forts. Entends un klaxon de camion, fais toi doubler par une brêle… Trop chou.

     

    D’ailleurs en ce moment même y a un trouduc qui s’endort sur son klaxon dans la rue depuis facile 20 secondes.

    Mais revenons-en à nos aventures. Arrivé à l’aéroport (pas loin d’une heure de taxi tout de même) (oui c’est grand comme ville),tu réussis tant bien que mal à trouver de quoi téléphoner, je t’ellipse narrative les recherches parce que c’est toujours la même chose, à savoir :

    - Do you speak English ?

    - …

     

    Voilà. Donc contact établi avec la hiérarchie, qui me propose à mon grand soulagement de m’héberger pour la nuit. Reste encore à y retourner. Direction les tacos, et comme je suis gratiné, je suis tombé sur le seul qui savait pas où c’était.

    Et quand c’est comme ça, c’est épique. J’te montre : quand un conducteur connait pas, il va essayer de te larguer par tous les moyens, si tu as préalablement craché la thune, bien sûr. Donc le mieux, ben c’est de pas lui donner. Comme ça il peut pas te foutre dehors. Magic system.

     

    Donc toi tu lui fais signe de téléphoner au numéro que tu lui as donné, et lui il te montre le compteur avec la thune que tu lui dois. Gueules un peu, il téléphone. Tu vois que c’est pas compliqué. Donc il parcourt 2 bornes, il retente le largage. Rebelote, sauf que cette fois, tu lui chopes le combiné. L’instinct de survie, probablement. Il gueule comme un putois, mais tu t’en fous parce que là t’en as ras le cul. Ca fait un peu 5 heures que t’essayes de te sortir de là, donc merde. Il essaye de te choper son portable, tu recules et te mets hors de portée. Là ca l’énerve franchement, mais tu le sommes de fermer sa gueule, même si il comprend pas. Avec les nouvelles infos, il reparcourt quelques bornes. Nouvelle tentative de largage. Pas d’Européen à l’horizon, tu lui donnes pas de thunes. Encore un appel. Là il pète un boulon, mais tu tiens bon. Pis de toute façon tu le payes alors bon. Après quelques autres tentatives, tu aperçois ENFIN la boss qui t’attends. Autant te dire que ca soulage comme pas possible.

    Le tacos essaye bien entendu de t’arnaquer. Heureusement, y a l’œil expert de la hiérarchie qui veille au grain, et qui traite le conducteur de tu sais pas trop quoi, et en fait tu t’en tapes un peu, parce que maintenant t’es enfin en terre à peu près connues. Du moins tu peux communiquer.

     

    Prends un repos bien mérité, parce que d’autres aventures t’attendent mon grand. Genre chercher un logement.

     

    Donc le lendemain, tu vas au taff. Tu rencontres tes collègues, tout baigne. Nicole, chinoise de son état, te file un coup de main carrément bienvenu pour te chercher un logement. Tu contactes donc avec elle plusieurs petites annonces. Elle est trop top, parce qu’elle t’aide à dégoter un téléphone (qui marche !) et une carte de métro. Choses absolument impossibles à réaliser si tu jactes pas local.

    Le soir, tu vas donc à l’hôtel le plus proche, et tu te fais attribuer une chambre. Tu demandes si tu peux laisser tes affaires dedans pendant la journée, parce que tu vas pas t’amuser à trimballer ta valoche partout, bordel. Entends toi dire que wui wui wui, y a pas de souci. Bon.

    Montes dans ta chambres (et privé de dessert !). Ouvres là. Et retrouves toi nez à nez avec les affaires de quelqu’un. D’ailleurs ça pue dans sa chambre. Tu retournes donc en bas leur dire que ce sont des gros boulets qu’il y a erreur sur le numéro de la chambre. Ca te rassure pour laisser tes affaires dans la piaule, tiens.

     

    Donc le lendemain matin, tu reprends tout ton bordel et tu retournes au taff. Si ils font l’erreur une fois, ils peuvent bien la faire deux. Et t’as moyen envie de te faire pécho tes trucs.

     

    L’aprèm, tu vas avec ColNi visiter un premier logement. Tu te fais accueillir par une dame très gentille, mais avec plus de poils que toi. T’essayes de pas regarder, même si ça attire un peu l’œil. Rentres dans la résidence, où tu te fais alpaguer par le garde, qui décide que parce que t’es européen, non, tu ne rentres pas ici. Ca promet. Décision qui se confirme quand tu vois l’état des lieux, et notamment les bestioles qui font la course sur le plan de travail de la cuisine, entre le Nuoc Mâm ouvert en 1792 et le wok tout rouillé. Donc merci et bisous, tu te casses direct, talonné par ColNi qui tente tant bien que mal de balancer un Xié Xié de courtoisie par-dessus son épaule.

    Deuxième visite, qui se passe nettement mieux. Immeubles chouettes, gardes sympa, appart moderne, et y a même une pistoche en bas, histoire d’aller faire le cachalot en cas de températures supérieures à 35°C (c'est-à-dire tous les jours). Tu rigoles moins quand tu apprends qu’ici, rien n’est aux normes antisismiques, et que si ca tremble, ben toi aussi tu peux trembler. Surtout si t’es au 22ème étage.

    Quoi qu’il en soit, meme si t’arrives à descendre, y a tellement d’immeubles dans le quartier que tu te feras écraser quand même. Mais bon, faut vivre dangereusement, alors tu signes le contrat et basta.

     

    On en est donc à peu près là, le temps étant majoritairement passé au boulot, le reste en toute solitude.

     

    Ah si, grosse ironie du sort. Au taff, je suis en train de créer un guide pour les nouveaux arrivants expatriés, avec les bons plans, l’histoire et les quelques trucs utiles à savoir.

    Autant te dire que j’ai pas mal de conseils à  prodiguer.

     

    Aller, si t’es sage je te raconterai prochainement d’autres folles aventures. Je projette d’explorer la ville, et peut être même de tenter l’aventure jusqu’à Canton dans les prochains jours. J’essayerai aussi de convaincre ColNi d’aller visiter Beijing avec moi, histoire de pouvoir m’orienter un peu.

    Ma petite boussole.