• The Great Escape

    Tu n'es donc pas sans savoir que je suis allé à Shanghai la semaine dernière. Ca a été légèrement la folie, parce que en France ma santé mentale est déjà assez discutable, mais ici (et après deux mois de bridage), la capsule a littérallement explosé trois jours durant.

    Vendredi matin, je me lève tôt pour aller finir ma nuit dans le métro, en direction de l'aéroport. Car il faut comater pas loin de 1h30 pour y parvenir. Plus la demi-heure de marche standard jusqu'à la station.

    Déblaterrage de conneries

    Dispositif que je songe a adopter pour finir mes nuits dans le métro

    Le petit plus : la station à laquelle il faut te réveiller

     

    Ce qui est bien, c'est qu'ici, on s'emmerde pas avec les statistiques. Tu as 100% de chances qu'un vol domestique prévu au delà de 11h du matin ne parte pas à l'heure, que non. Parce que entre la météo capricieuse, les avions auxquels ils manque un morceau d'aile et autres soucis d'ordre logistique, c'est généralement le boxon puissance 12.

    J'ai donc prévu de décoller à 9h du matin, histoire de pas arriver à minuit. Et tout le monde tente de faire ça. Donc le métro devient un dortoir ambulant, ponctué de ronflements pour annoncer l'arrivée à une station.

    Déblaterrage de conneries

    Les compagnons


    Une fois débarqué à l'aéroport, je repasse en language des signes pour me faire comprendre et trouver le comptoir. Pas super simple, le mien est bien planqué dans un recoin. Cadeau.

    Formalités d'usage, passeport, bip au détecteur de métal, tripotage usuel (même que mon genou il a sonné. Deux fois.). Les terminaux sont déjà blindés, et je me laisse emporter par la foule jusqu'à ma porte. Où je repasse en mort clinique.

    L'avion est déjà là, ce qui laisse présager un départ à l'heure. Enfin quand je dis avion...

    Déblaterrage de conneries

    L'épave de Monsieur est avancée


    Ben voui, parce que réparer des avions avec du scotch, c'est mieux. Au fond, un avion, c'est un peu comme ma claquette. Si il se casse, tu mets une généreuse quantité d'adhésif, et ça repart !

    Donc l'équipage arrive, va dans l'appareil, probablement pour faire des trucs sales. Mais vu qu'ils ont pas fini quand vient l'heure d'embarquer, on entend un message qui doit pas être top, car les gens font un peu la tronche. Moi j'ai rien compris, à part XieXie (que tu prononces chié chié). Par contre, mes craintes ont vite été avérées lorsque le gros DELAYED est apparu sur la télé, en rouge, histoire que t'aie bien compris.

    J'étais tellement énervé que je me suis surpris a apprécier une chanson de Shakira à la radio.

    Quand j'ai vu arriver les techniciens dessous l'avion une heure après, je me suis dit qu'on était pas encore partis. Encore plus quand ils ont commencé a ammener des repas dans le terminal...

    C'est ça aussi de faire voler des A300 qui ont plus de 25 ans.

    Tout ça m'a flanqué une crise de la vessie, et je me suis donc eclipsé jusqu'aux chiottes, pendant que 200 passagers se ruaient sur le chariot à bouffe comme des malpropres. J'ai été accueilli par une odeur immonde, à t'en faire fondre les poils du nez. J'ai vite compris d'où ça venait quand j'ai vu que quelqu'un ne savait pas que y a une chasse d'eau au dessus des chiottes, et qu'il faut s'en servir.

    Surtout après avoir fait son offrande à la faïence.

    De retour dans le terminal, je me suis laissé tenter par les crackers aux algues, car après tout on est pas des bêtes. Quand j'ai vu que c'est Kraft foods qui faisait ces machins, me suis dit que c'était vraiment la crise pour tout le monde.

    Savourant ces délicieux biscuits, soit deux heures après la date de départ initiale, nous avons été invités à embarquer. Gros bouchon devant la porte, mais finalement ça passe et on se donne tous rendez-vous dans dix ans l'appareil. Démos de sécurités et danses du ventre habituelles, l'avion bouge.

    Et s'arrête.

    On nous apprend alors que finalement on décolle pas, soit disant parce que il pleut trop fort à Shanghai (mon cul) (tous les autres vols pour la même destination se sont cassés sans soucis... On soupçonne encore un problème sur notre avion...).

    On vient donc nous servir un repas à l'arrêt, grande classe. Au moins, on renversait pas nos jus d'orange avec les turbulences. J'ai jacté un peu avec mon voisin, anglophone (in-croy-able !), et après je me suis interrogé sur la méthode qui serait la plus efficace pour empêcher mon autre voisin de ronfler. Ma fine analyse étant achevée, je me suis proposé de :

    1. Lui boucher le nez. Méthode classique mais efficace. A déconseiller en période hivernale, notamment en cas de forte affluence nasale. Mais bon, vu qu'il fait en moyenne 35° tous les jours, je pense pas prendre trop de risques.

    2. Mettre un truc dans sa bouche. Une serviette China Eastern Airlines fera parfaitement l'affaire. Encore plus efficace si elle a servi à essuyer les restes du sandwich à on ne sait quoi (mais poivré). Le risque c'est qu'il aime ça et qu'il reparte de plus belle.

    3. Ronfler plus fort que lui. Des fois que ca le réveille, on sait jamais. Mais ça implique de prendre le risque de s'attirer les foudres des alentours. A n'utiliser que dans les petits avions.

    4. Siffler. Y parait que ça marche. Histoire d'être sûr, on peut se proposer de voler un sifflet aux emmerdeurs publics (si tu es déjà allé sur le Bund à Shanghai, tu sauras de qui je parle), et souffler bien fort dedans. Nul doute que ça marchera.

    5. Lui mettre un truc interdit dans la poche et le dénoncer. Genre un couteau ou pire, des biscuits aux algues. Pas mieux pour se faire ejecter proprement de l'avion et roupiller sans chaudière à proximité.

    Ou tout en même temps. Mais bon, avant de mettre le point 2 en exécution, on allait décoller, ce qui m'a un peu perturbé, parce qu'on était censés être cloués là pendant encore une demi-heure. De l'avance sur le retard didon.

    On est arrivés sans encombre, mais en serrant les fesses, parce que y avait de la turbulence, dont une qui a fait un vieux grincement que t'aimes pas trop quand c'est pas à la télé que tu l'entends. J'avais aussi peur de me ramasser un coffre à bagage sur le coin de la tronche, vu comme ils bougaient.

    Après moult péripéties, j'ai retrouvé mon accolyte, avec lequel nous nous sommes dirigés vers le Decathlon du coin. Passage au Mac Do pour faire le plein de gras et puter comme des porcs sur les bridés echanger nos points de vue sur notre voyage.

    Déblaterrage de conneries

    Ah et mettez moi aussi un petit wrap, tant que vous y êtes


    Après avoir fait quelques emplettes et croisé le chemin d'un taxi qui n'était pas foutu de nous conduire jusqu'à la station de métro la plus proche, nous avons pu rentrer afin de gueuler par les fenêtres, et puter de plus belle. Je te raconte même pas, ça a fait du bruit au balcon.

    Mais bon, il a bien fallu qu'on se calme, parce que le lendemain on allait montrer notre cul aux pêcheurs et faire chier les vieux aux Tai Shi. Tout un programme. L'acharnement du Fatum, qui me suit partout, a encore fait des siennes. Non content d'avoir mis mon avion en retard, il a encore voulu m'emmerder en faisant la pluie et le beau temps. Enfin surtout la pluie.

    Grosse mousson au réveil à 6h du mat, on était bien contents. On a trouvé une activité de substitution, à savoir éclater à la ceinture les moustiques qui nous avaient sucés toute la nuit. Enfin moi je les éclatais au doigt, parce que c'est plus sympa. Chef-d'oeuvre en images :

    Déblaterrage de conneries

    On fait moins le malin, d'un coup.

     

    On est allés ensuite se balader dans les rues, où on se faisait accoster toutes les 3 secondes pour nous vendre un parapluie (oui parce que nous, les gens de la montagne, c'est pas trois gouttes qui nous font peur). On a spotté sur le Bund et on s'est barrés parce que la Mousson faisait son come-back.

    Comme il se faisait l'heure de se goinfrer, on a pris la direction d'un charmant ensemble de petit restaux, avec une glace au Burger King histoire d'être sûrs.

    En rentrant, on s'est relayés pour regarder un film. Claire a sombré la première, j'ai passé mon tour pour le milieu, et Kevin nous a laissé terminer. Ce qui fait qu'on avait pas super bien compris. Enfin surtout moi, parce que je l'avais jamais vu. (les autres sont des tricheurs malpropres et sans vergogne).

    Pour se remettre de cette épuisante journée, on est allés s'envoyer une fondue derrière la glotte, puis on est allé montrer notre cul aux gens sur les quais. Ca hallucinait légèrement côté bridé.

    Mais le lendemain, on a fait mieux. En plein jour, on a fait la même chose. Nous faisons maintenant partie du très sélect' "Club de ceux qui se sont baladés à poil sur le quai le plus touristique de Shanghai". Les gens nous ont pas applaudis, mais on a eu droit à quelques coucous d'encouragement. Je sais pas encore si je décide de rendre mes amis jaloux et ce blog plus beau en publiant la fameuse photo (ben voui, on a des preuves quand même).

    Après tout ça, il a rapidement (trop) été l'heure de rejoindre l'aéroport pour rentrer dans cette ville pourrave sans étrangers. On a même vu des moines bouddhistes faire leur self check-in aux bornes, ca nous a mis la larme à l'oeil, ce mélange de traditions et modernité (surtout quand on a vu qu'ils ont pas réussi à s'en servir).

    Au moment de se quitter, devant le contrôle des passeport, même le douanier a partagé ses émotions en nous lâchant une énorme caisse pour ponctuer nos adieux.

    J'ai ensuite sombré dans un profond sommeil dans l'avion (que j'ai quand même interrompu pour bouffer, mais je gage que tu l'avais déjà deviné). La dernière fois qu'on avait oublié de me donner à becqueter, ça a donné ça dans le compartiment des hôtesses:

    Déblaterrage de conneries

    N'est pas PoufKiBouf qui veut.

    Alors comme on dit ici : ChiéChié'mh'bahbaï (je sais, mon pinyin est très beau)


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