• Les Chiffons sont en soldes, pas les cons.

    Tu n'es pas sans savoir qu'ici c'est les soldes.

    A moins que tu ne résides dans ces départements qui attendent d'innocents touristes à rouler dans la farine (et la crème solaire premier prix). Effectivement, non-contents de venir glaner quelque coup de soleil, il leur faudra être au summum de la mode sur leur serviette Yves Rocher, lorsqu'ils invaderont les quelques centimètres carrés restants sur la plage.

    Et se faire claquer les bourrelets dans un maillot H&Merde, c'est un peu la classe.

    Qu'on se le dise.

     

    Mais puisque tu es très friand de mes folles aventures, je vais te conter ma dernière rencontre en date, avec une bouffone. Et je te le dis tout de go, autant j'ai pu croiser des chieuses, mais celle-ci c'était une synthèse.

     

    Alors que j'avais quelques heures à tuer, et revenant d'une glamoureuse sortie courses chez Carrouf, je me suis proposé d'aller trouver un nouveau T-shirt pourri, que je porte avec élégance quand je me retrouve seul à la maison (ou avec ma moitié, mais dans le même appareil), et qui puisse aussi faire office de chiffon pour les vitres lorsqu'il arriverait en fin de vie.

    Et pour ce genre de fringues, y a un lieu tout désigné.

     

    Le temple du vêtement de bon goût 

     

    Alors que je traversais des rangées de vêtements aux couleurs te démontant la rétine acidulées, je remarquai un jean qui semblait pas trop mal, et surtout en Soldes. Manquerait plus que ça soit cher, cette merde.

    Flairant une potentielle affaire, j'ai donc mis les voiles vers le rayonnage susmentionné.

    Mais je n'étais pas seul sur le coup, que non. Une chipie de sa race,16 ans à peine et affublée d'un superbe short (plus court que mes boxers) et de son mec du moment, ont également repéré l'objet de convoitise. Mais ça, je ne le savais pas encore.

     

    La jeune demoiselle, mise en valeur par un discret maquillage 

     

    Arrivant de justesse avant notre fine équipe, je prends donc la priorité sur la recherche des tailles. En arrivant au 40, vois-tu pas que je vois une main se tendre pour l'attraper, étant donné qu'il n'en restait bien sûr qu'un seul.

    D'un geste vif (mais élégant), je saisis donc la frippe avant la connasse, et lui adresse en prime un sourire satisfait.

    Ce qui la fit entrer dans un vif débat monologique avec son compagnon d'infortune, comme quoi ce jean lui aurait fait un trop beau cul et tout son orchestre. M'éloignant en direction des cabines d'essayage, j'entends donc des pas pressés se diriger vers moi. Et la pouf me demande si "je voulais pas lui lâcher le jean pour que son copain l'essaye, vu qu'elle l'a vu avant". Ce qui, tu en conviendras, est un argument choc.

     

    Ma réaction face à la sollicitation de l'intéressée 

     

    Je lui explique donc patiemment que si je prenais un jean, c'était pas pour le promener dans un magasin, mais bien pour l'essayer. Et comme je déborde de bonté, je lui ai dit que je lui laisserai si il ne m'allait pas.

    Finaude, notre tranche de conne me rétorque que le jean irait mieux à son copain, et qu'elle me voyait pas du tout avec. 

     

     Moi-même, expliquant à Zezette mes goûts vestimentaires


    Après cette conversation à forte valeur ajoutée, je continuais donc mes recherches d'un T-shirt immonde, et en oubliait notre altercation avec cette jeune fille peu généreusement fournie en neurones.

    Et je trouve donc la frippe tant adulée.

    En temps normaux, j'aurais reposé le jean, fait un saut à la caisse, et serais reparti illico. Mais vu que j'avais rien de plus intéressant à faire - ce qui est quand même rare, je suis allé essayer l'affaire.

    Je t'ellipse narrative le temps d'attente, qui fut ponctué de quelques gloussements et autres "c'est pas la bonne taille". J'ai par ailleurs remarqué que notre cortex de taupe faisait également la queue en bonne compagnie.

    J'ai quand même bien fait d'aller enfiler le haut, parce qu'au final il était trop grand. J'ai donc refermé le rideau de ma cabine, et suis allé changer pour la taille en dessous en rayon.

    En revenant, mon havre de paix avait été violé, et le jean n'y était plus. Autant te dire qu'il m'a pas fallu trois heures pour me demander qui  était à l'origine de cet odieux forfait. 

     

    A la chasse à la pétasse 

     

    Et autant te dire qu'il m'a pas fallu non plus la journée pour la repérer, elle qui poussait des cris d'excitation par delà la cabine. Ma fine ouïe a donc été plus qu'utile.

    Attends.

    Si je suis pas rusé comme le goupil, personne ne l'est.

    Plusieurs options se sont donc présentées. (1) la choper en sortant de la cabine, lui reprendre le jean et me casser ; (2) vérifier illico si j'avais vu juste. Et tu me connais, la patience, c'est pas mon fort. Je frappe donc sur la paroi de la cabine pour voir. Une tronche aux yeux de vache me regarde. Je lui demande donc si - par le plus grand des hasards, elle n'aurait pas pris le pantalon qu'elle tenait tant à avoir 10 minutes avant, et elle m'a juré Grand Dieu que trop pas, et qu'elle l'a récupéré sur le tas de vêtements essayés qui n'ont pas satisfait les gens.

    Sauf que pas d'bol la guibolle, il venait tout juste d'être rangé par une grande gigue plus maniérée que Michou. 

     

     Tu me prendrais pas pour un con, un peu ?

     

    Et au delà d'avoir très envie de racler sa gueule de conne contre le crépis, je la somme de me rendre illico le Chiffon de la Discorde.

    Vois-tu pas qu'elle refuse.

    Mais vois-tu pas que j'en ai un peu ras le cul, et que je compte pas y passer le Réveillon. Ni une ni deux, j'écarte le rideau, chope l'affaire, et commence à tourner les talons. Elle me chope par la chemise, et commence à pousser des cris stridents.

    Lassé de sa connerie, je lui dis donc que si elle insiste, elle repartirait simplement avec une touffe de cheveux en moins. Et c'est pas sa moitié, qui n'est pas intervenue à un seul instant durant ce débat digne d'être arbitré par Arlette Chabot, qui allait s'y opposer.

    Le pugilat ainsi clôt, je suis parti payer, et suis retourné vers d'autres horizons, une tenue glamour en poche.

     

    Clôture du débat et prise de congé. 

     

    Si le jean me plaisait ? Pas vraiment. Mais pour le plaisir de faire chier le monde (et de dresser les mioches), je suis prêt à payer un jean.

    En soldes.


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