• La claquette maudite

    J’te raconte pas. Samedi j’ai eu une après-midi pou-rave.

    De la merde en barre.

    A chier contre.

     

    Mais bon, j’te raconte, puisque tu aimes rire de mes malheurs.

     

    Tout commence avec mon Moi gastronome. Il faut dire que j’en avais un peu ras le cul de dîner avec toujours la même chose pendant deux semaines, à savoir pâtes + jambon + tomates.

    Ayant récemment appris qu’un Carrefour trainait dans le coin, j’ai décidé d’aller aux commissions, comme diraient les fossiles.

     

    « Le Carrouf il est a un arrêt de métro, gros », me confie une source sure.

     

    Bon, tu sais probablement déjà que le métro se situe à une demi-heure de marche de chez moi. D’ailleurs y avait pas Poupou aujourd’hui. Nul doute qu’elle faisait la tournée des fournisseurs en Equateur (ou plutôt dans les poubelles de Jusco). Mais bref.

    Je m’arme donc d’un sac à dos et d’un sac plastique portant l’emblème Carrouf (pour demander mon chemin, suis prévoyant maintenant).

    Regardant par la fenêtre, y a l’air de faire chaud. Je m’habille en conséquence, short et claquettes. Me voilà paré pour une sortie glamour.

     

    Vais donc jusqu’au métro. Déjà je me plante de sens. Aussi si on me renseignait un peu mieux sur la direction, on en serait pas là hein !

    Donc 2 Yuan plus tard, je débarque dans ladite station.

    Ici, y a pas qu’une sortie pour le métro, que non. Il y en a au moins 4, qui sont tellement éloignées les unes des autres à la surface, que pour les relier t’en chie. Faut donc savoir OÙ sortir.

    La source sure ayant omis de m’en informer, cette conne, qu’il a fallu que je demande mon chemin. Et j’avais prévu mon coup !

    Après avoir tenté de faire comprendre ma destination oralement, en prononçant Carrefour de toutes les façons imaginables (Kéreufour, Koureuhfour, Keurfour, Darfour…), j’ai dégainé mon sac plastoc, et le logo a fait tilt dans l’esprit de mes interlocuteurs. Ils ont même réussi à me dire « Exit B » didon !

     

    J'aurais dû me douter que ma chance allait tourner.

     

    Je trouve donc le magasin de mes rêves, et commence mes emplettes avec amour.

    J’achète donc de savoureux produits de nos contrées, du riz, des champignons noirs, etc. De quoi se faire des bons petits plats à la saveur d’orient.

    Plein d’espoir, je me dirige vers le rayon frais, où j’aperçois un camembert qui me fait déjà de l’œil. 65 Yuan. 7€ le calendos.

    « De qui se moque-t-on ? », demandais-je avec verve.

    Personne m’a répondu. Bizarre. Pensant jeter mon dévolu sur le fromage rapé qui se trouvait non-loin de là, j’ai frôlé la syncope. 98 Yuan le paquet de rapé Président.

    Déjà qu’en France, ce truc vaut 2€ et je l’achète pas, mais là…

    C’est donc mon bonnet que j’ai jeté par-dessus les moulins, et m’en suis allé avec en guise de trophée un Lurpak qui égayera mes nouilles.

     

    Trainant de la claquette, j’ai eu le malheur de passer devant le rayon IMPORT, où un accès boulimique m’a fait prendre 4 paquets de haribo. (dont deux sont déjà partis à l’heure où je t’écris ça) (et tous sont finis à l'heure où je publie l'article).

     

    J’ai donc terminé par aller au rayon fruits et légumes, et j’aurais mieux fait de m’en abstenir.

    Déjà, y a un fruit qui fouette, un truc jaune et énorme et informe. C’est le durian puant. Une horreur ce truc. Imagine un truc qui sent entre les pieds et le vomi. Tu y es. C’est un Durian thaïlandais. Certains adorent. Je le hais ce truc.

    Faut donc déjà pas avoir la gerbe quand tu t’y aventures dans le rayon. Mais c’est pas l’objet du désastre. C’était pour ta culture générale.

     

    Je suis donc allé me balader sans regarder où je marchais. Si bien que tu vois déjà arriver l’accident.

    Ici, ils kiffent faire goûter les trucs. Dans tous les rayons, t’as une connasse greffée à un mégaphone qui te hurle dans tes oreilles afin de te convaincre de venir goûter son œil de poulpe aux fraises des bois. Par conséquent, t'as qu'une envie, c'est de lui prendre son truc et de lui caler en travers de la gueule.

    Donc en l’occurrence, y en avait une qui s’est cassée de son stand, et quelqu’un a dû mener son charriot comme il mène sa voiture. En un mot come en cent, y en avait de partout par terre à côté dudit rayon. Sauf que moi j’y avait pas vu cette merde. Enfin si, mais trop tard.

     

    En slow motion, ça donne à peu près ça :

    1 Je constate que le rayon qui mène aux tomates est embouteillé à cause d’une grande affluence à la pesée.

    2 Je décide de contourner le problème.

    3 Je prend le rayon d’à côté (où la merde trainait par terre, donc).

    4 Je sens un truc gluant sur mes pieds.

    5 Vieux réflexe, je tire mon pied de là vitesse grand V.

    6 Mon pied s’en va, mais sans la claquette, parce que le truc par terre a fait ventouse et l’attache de la claquette PETE, cette pute !

     

    Autant te dire que j’ai balancé un juron de compèt, et tellement fort que les ¾ des gens à proximité se sont retournés.

     

    Ce pays me réussit franchement pas.

     

    Me voilà avec une claquette pétée, le pied dégueu et à une heure de chez moi.

    Je te jure, j’ai cru que j’allais péter un boulon.

     

    Mais bon, heureusement j’ai l’esprit fertile.

    « Vais la recoller fissa, cette merde », me suis-je donc proposé.

     

    J’ai donc foutu le cadavre de la claquette maudite au dessus de mon pot de moutarde, et ai traversé le carrouf avec une seule godasse (j’avais pas l’air con) jusqu’au rayon scotch.

    Quand j’ai réussi à en trouver, me suis dit que ca ferait l’affaire.

     

    Suis donc allé aux caisses, payé, posé mon bordel, et j’ai commencé à me scotcher la claquette au pied, à généreux coups de scotch.

    Les bridés ils zosaient pas rire (grand bien leur en a fait, parce que sinon j’aurais fait du Miro sur leur gueule). Je te jure, j’ai cru que j’allais devenir barge.

     

     

     

    Déblaterrage de conneries

    Mon environnement, vu par moi-même, alors que je me scotchais la grolle.

     

     

    Y en a un qui me regardait spécialement cheulou, mais vu la coiffure qu'il arborait, il avait pas grand chose à dire. Imagines quelqu'un qui largerait une énorme caisse dans son col roulé. T'as sa coiffure.

     

    Donc je me suis rentré avec mon bordel et ma claquette scotchée.

    Le plus bizarre, c’est que du coup quand tu marches, ca fait uniquement Clac-*rien*, alors que t’as l’habitude du clac-clac. Bévoui parce que tu vois, je l’ai pas recollé en claquette, mais plutôt en pantoufle. Te rappelle que je suis à une heure de chez moi ! Heureusement ce foutu adhésif a tenu la route. Bon investissement.

    J'aurais bien donné la marque pour les colis à Dodue, mais elle était en caractères chelous. Désolé ma grosse.

     

    En arrivant, je me suis détaché de cette infamie et l’ai foutue à la poubelle aussi sec.

    Et me suis lavé le pied.

     

    J’ai rangé le boxon sur l’étagère et au frigo, et suis allé m’étaler sur mon lit en regardant Temperance faire joujou avec des os retrouvés dans un frigo.

    Je comptais donc larver là en toute impunité, mais le Fatum s’acharne encore sur moi, ce fils de sa mère.

     

    Gros BOUM dans la cuisine.

    « Ah, la coloc est revenue », me suis-je dit avec esprit.

    Puis vu qu’y a pas eu un bruit après ça (genre les talons hauts qui me réveillent tous les week ends), me suis demandé si elle s’était pas assommé avec quelque chose, cette greluche. Chui donc allé voir. Pour constater qu’elle était pas là. En revanche, l’étagère où je venais de poser mes emplettes, elle était plus là non plus.

    Enfin si, mais par terre. Elle venait de céder, et  tout s’est cassé la gueule, pétant ainsi mon pot de moutarde à l’ancienne chéri, qui m’avait coûté un bras plus la peau du cul.

     

    Je te raconte pas la scène de crime, avec des giclures et des graines de moutarde partout.

     

    J’ai donc gueulé pendant 20 minutes non-stop, en nettoyant le bordel et les morceaux de verre.

    J’en pouvais plus. Y a qu’à moi que ça arrive ce genre de journée à chier.

     

    Du coup là je suis sur mon lit, je bouge plus en espérant que ce jour finisse au plus vite.

    Ce soir je sors pas, avec la moule que j’ai, je pourrais bien ne pas en revenir vivant. 


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