• Il est bon mon jambon !!

    Du moins meilleur que ce qu’on nous a servi au menu ce midi. Ouais. Une collègue à ColNi me charriait parce que j’avais pas encore baffré local. Ben j’ai été servi mon cochon.

    Alors qu’on descendait à la cantoche, lieu de plaisirs plus Gastro que Nomiques, elle me décrivait avec verve les petits plats en sauce appréciés par ses compatriotes bridés.

     

    « Ouaich gros tu ‘ois, nous on kiffe les têtes de poisson et les estomacs de porc »

     

    En lui répondant que chez nous on adorait sucer les antennes d’escargots (ce qu’elle a cru d’ailleurs), je me foutais allègrement de sa gueule en lui disant que « si y en avait, j’en prendrai ».

    Quel trou du cul de la fesse.

    Moi qui pensait qu’elle exagérait un peu, quand on a vu ce qu’on allait ingérer, elle me balance « allez, j’t’invite ». Moi d’un coup j’avais plus trop la dalle.

     

    Donc on prend notre plateau, et nous validâmes (enfin elle validate) la carte avec les sous-sous dessus pour avoir accès à ces mets que peu de privilégiés ont eu l’occasion de déguster. Mais bon, bon prince, là j’aurais cédé ma place à qui l’eut voulu.

    Chui comme ça, moi.

     

    J’ai donc vu arriver dans mon assiette une tranche de riz (ben oui, faut qu’il soit collant pour se manger à la baguette, gros !), puis des têtes de poisson accompagnées de tiges de chou fleur (pas de bol, j’ai pas eu de bouquet), et enfin des pavés de tofu (d’après la collègue, parce que tout seul j’aurais pas deviné).

     

    Déblaterrage de conneries

    Bon appétit

     

    Dégaine mes baguettes devant l’assemblée composée à 100% de bridés, qui devaient se demander par quel mauvais coup du fatum (ce connard) j’avais atterri ici. J’attaque soft avec le tofu. Pas trop dégueu, un peu épicé. Au moins je pourrai bouffer quelque chose. Youp-là boum, c’est le roi du pain d’épices.

     

    Quand on en est venu aux têtes de poisson, sous le regard goguenard de mam’zelle la collègue à ColNi, là c’était moins fun. J’ai pas trop l’habitude de regarder ma bouffe dans les yeux.

    Enfin il faut imaginer un regard de Jane Lynch, sans les cheveux blonds.

    Le contact visuel étant engagé, je retourne le morceau, et commence le festin. Je lui ai un peu bouffé des joues, puis j’ai dû mâchouiller un morceau de sa bouche, parce que c’était dur. Ou du moins croustillant. Les dents, surement. Autant dire que les yeux j’ai laissé, et le cerveau, aussi appétissant soit-il, je l’ai tripoté vite fait avec les baguettes mais c’est tout, prétextant que j’avais des racines Egyptiennes et que les animaux ont besoin de leurs yeux et de leur cerveau dans l’au-delà, et que je ne suis pas un rustre. Je crois pas que l’excuse soit bien passée, mais m’en fous.

    J’avais pas envie de passer l’après au dessus de chiottes à la turque en train de bégèr’ des abas poissonniers.

     

    C’est mon côté Jean-Pierre Koffe, mais sans lunettes provoquant des lésions aux rétines des autres. D’ailleurs en y réfléchissant, le regard du poisson cuit ressemble en fait à celui de ce pseudo-gourmet glanant quelque rutabaga low-cost chez leader price.

     

    On est ensuite passés par la case Débarrassage de Plateau, où nous nous sommes fait accueillir à bras ouvert par une fée du logis, qui a une façon très particulière de nettoyer les plats. Et comme ce genre de secrets tu en raffoles, je t’essplique, c’est très simple.

    1 Tu prends l’assiette et tu la retournes

    2 Tu lâches tout

    3 C’est fini

     

    Ou comment se débarrasser efficacement des tâches ménagères. Mais l’inconvénient c’est que Madame baignait dans des restes de soupe, de riz et de têtes de poisson en sauce. Mais on peut pas tout avoir.

     

    Bref.

     

    Bon à la base, j’étais venu pour te parler de la (sur)vie d’un piéton ici bas.

     

    Soyons méthodiques, si tu le veux bien.

     

    Commençons par les différentes classifications de véhicules que j’ai nommés « de trottoir ». Oui parce que si tu t’imagines que le trottoir sert uniquement aux piétons, tu te mets un doigt dans le cul et tu peux même planter un drapeau.

    Le trottoir est une voie à part entière, pour les véhicules à deux, trois, et quatre roues. Ce qui implique qu’on est à l’abri nulle part, et que tu aimerais bien que le désastre japonais serve à quelque chose, en te faisant pousser des yeux à l’arrière. Ou du moins un rétroviseur.

     

    Les bicycles, composés majoritairement de brêles, sont très appréciés pour leur capacité à charger des trucs plus ou moins incongrus. Il est d’usage de transporter des bouteilles de gaz (une de chaque côté, pour l’équilibre), afin de les emmener on ne sait trop où.

    On transporte également toutes sortes d’équipements multimédia. Les ordinateurs et les lecteurs DVD ont la palme. Tout à l’heure, j’en ai croisé un qui devait déménager les bureaux IBM.

     

    Ces individus, plus pressés que des hommes d’affaires, sont allègres avec l’usage du klaxon, ce qui fait que tu arracherais volontiers un bambou qui traine pour lui caler dans les roues, histoire qu’il fasse du bruit un peu autrement.

    Ici, je pense que la traduction littérale de « fier comme un paon », c’est « fier comme une brêle ». Parce que la brêle n’a pas peur des autres, et encore moins des autoroutes.

     

    Quand ce n’est pas quelque piéton qu’elle klaxonne à tous azimuts, elle se rencontrera volontiers sur les autoroutes, suivant les pointillés délimitant la voie centrale et la voie de gauche. Elle se fait doubler par tous les côtés, mais la brêle n’a pas peur de la mort.

     

    Ca et là, elle émettra un joyeux coup de klaxon envers un rustre qui l’aurait frôlé de trop près. Quand la sortie visée sera en vue, elle ne changera de voie qu’au dernier moment, faisant des têtes queues de poisson aux autres usagers qui s’en accommoderont d’une manière remarquable. Forte de l’élan accumulé, elle déclenchera alors son klaxon de manière continue, et montera sur le trottoir où elle règnera désormais en Monarque que personne ne se proposera de renier.

     

    Les tricycles, eux, sont rarement motorisés, et se tirent en général à la main. Ils vont de pair avec les chapeaux pointus en paille.

    Leurs cargaisons sont plus recyclables, entre les morceaux de carton et les bouteilles en plastique.

     

     

    Mais il y en a d’autres !

     

     

    Laisses-moi te présenter Poupou la Gueularde, vendeuse de bananes pourries de son état, que je croise quotidiennement en rentrant du taff.

     

    Déblaterrage de conneries

    Portrait de Poupou la Gueularde vantant les mérites de la banane trop mure.

     

    Poupou tu l’entends depuis la station de métro, qui se situe pourtant à quelque 300 mètres. Je pense qu’elle s’imagine qu’elle a le monopole du marché de la banane, et qu’y en aura pas pour tout le monde. Elle a pas fait HEC vraisemblablement.

    Je sais pas ce qu’elle dit, mais ne parlant pas chinois, je sais quand même comment on prononce le mot « banane » en mandarin, étant donné que la redondance des sonorités « Xiangziao » était proche de 3 par phrase.

    Et puis elle fait aussi de la PLV (Publicité sur Lieu de Vente, si tu n’as pas appris tes cours de marketing), en s’excitant sur sa balance. Elle fout sa main sur le plateau, et elle appuie dessus comme une barge, ce qui fait que l’aiguille oscille encore plus que quand Maité monte sur son pèse-personne. Pour un peu tu te cales devant le cadran et ça fait ventilateur.

    Ce qui est peut être un service associé, remarque.

     

    Pas conne, la Poupou !

     

    D’autant plus qu’à force de mener son instrument de Charybde en Scylla, elle doit complètement défoncer le mécanisme et arnaquer les pauvres cibles de ce manège infernal. Poupou est un suppôt du Diable.

     

    Enfin, les quadricycles sont de deux grandes familles : Les motorisés et les sans-klaxons.

    Les sans-klaxons font partie de la grande classe des Poupoutea, dont la majorité se compose de l’espèce Poupoutea gueulardis. Il semblerait que dans cette branche de l’évolution du règne des moyens de transport, le klaxon ait été remplacé par un dispositif vocal, signalant sa présence en émettant quelque propos insutlants.

    Si vous êtes patient et observateur, vous pourrez également apercevoir Poupoutea gueulardis sécréter du mucus. Ceci se précède par un raclement de gorge caractéristique, aussi bien pour les femelles que pour les mâles.

    Ils ont pourtant tendance à disparaitre, leurs représentants étant de plus en plus rares dans les grandes agglomérations, où les motorisés ont pris le dessus avec leurs efficaces klaxons.

     

    Les motorisés sont variés. Certains se classent dans la catégorie des CT (Charmants Tacots), et d’autres dans les VCS-3P (Voitures de Catégorie Socio-Professionnelle Prout-Prout).

    Leur ancêtre commun serait vraisemblablement le moteur à explosion, dont les plus anciennes traces se situeraient à Stuttgart.

     

    Tous en revanche sont égaux sur les grands axes, où les dépassements se feront au plus téméraire, et les changements de voies in extremis, à un point que tu cales un français au milieu il plie sa voiture en 10 secondes chrono.

    Ce qui règlerait avantageusement le problème des panneaux de radars retirés, puisque la voiture serait réduite à l’état de sans-klaxon, laissant apparaitre le cousin de Poupoutea gueulardis : le Poupoutea constahamiablus. Qui gueule au moins autant, surtout si d’origine française. Et si tu tombes sur l’origine parisienne, là tu tombes sur des spécimens rares. Des ambassadeurs de la connerie se prenant pour Nadine de Rothchild, mais sans la vaisselle à dispo.

    Le mieux, c’est que je prenne des photos. Je filmerais bien, mais si je cale une video sur le net, y a fort peu de chances que tu la trouves.

     

    Mais le piéton ne se laisse pas faire, et se fait sa place au milieu de capharnaüm digne de Gomorrhe. Même si certains le font mieux que d’autres. Les grands maitres n’auront pas peur de traverser l’autoroute (ben si). Mais tu te doutes bien que c’est pas le trafic finlandais. Mais où est le problème ? On s’arrête entre deux voies, on attend que ca se libère un peu, et hop, en trois sauts de biche on a traversé une voie ! Entre temps, on prend l’air (ou plutôt des courants d’air) et une tasse de thé avec la faucheuse, qui doit pas être bien loin dans ces cas là.

    Mais le mieux dans l’histoire, c’est que ça prend plus de temps qu’une traversée conventionnelle par souterrain. J’en veux pour preuve que je me suis amusé (oui, on s’occupe comme on peut) à compter combien d’aller-retour je pouvais faire pendant qu’un traversait les 6 voies d’autoroute. Le verdict tombe : 2 et demi.

    Moralité : pour un short taillé, tu peux t’arrêter discuter le bout de gras avec Poupou pendant 5 minutes. Ce qui vaut largement le détour, crois moi !

     

    Il arrive aussi, souvent trop fréquemment, que certains SUV s’approprient le trottoir en s’y garant comme une grosse merde. Alors, nous, pour nous venger, car nous sommes des êtres rancuniers, on les force à s’arrêter sur les petites rues (non parce que sur les grands axes, ça serait comme jouer au bowling. Sauf qu’on ferait office de quilles).

    Alors on s’y met à plusieurs, et d’un coup d’œil plein de sens, le groupe d’en face et nous-mêmes nous engageons sur la chaussée, et forçons les tyrans à moteurs à lever le pied. Très vite, quelques badauds emboiteront le pas, et notre victime aura tôt fait de vouloir rétablir sa monarchie, à grands renforts de coups de klaxons habilement placés (c'est-à-dire en s’endormant dessus pendant 20 secondes).

    Mais là, on s’en tamponne la citronnelle, parce que dans les ruelles où errent des toutous qui se retrouveront dans nos assiettes, c’est NOUS qui menont la danse, tels des David Guetta de l’orient sur un dancefloor goudronné.

     

    On est quand même forts mentalement quand t’y penses. Parce que les infrastructures sont pas là pour nous aider !

    J’accuse ! (revois tes classiques gros !)

    Les feux rouges. Je sais pas qui a pondu le système des feux piétons, mais il avait certainement pas le gaz à tous les étages ! Tu te souviens probablement que nos feux à nous clignotaient vaguement avant de passer au rouge. Ici, c’est un peu l’inverse. Ils restent verts 6 secondes chrono (j’ai compté) avant de clignoter comme des barges pendant les 20 secondes restantes. On a quand même 6 voies à traverser, bordel !

    Pour un européen c’est assez stressant. Pour un peu, on pondrait un œuf en plein milieu.

    Deuxièmes victimes de mon odieux pamphlet, les ponts piétons. On sait pas pourquoi, mais tous sont en rénovation. Donc échafaudages et barres métalliques font bon ménage, ce qui fait qu’on y voit vite plus rien quand il commence à faire nuit.

    Déjà tu vises la lumière au bout du tunnel en espérant qu’il t’arrive rien en route (les fréquentations qui y résident sont parfois un peu à se chier dessus), et surtout, t’espères pas te ridiculiser / tomber aux mains de ces voyous en te mettant une grosse meule.

    Comment, me demanderas-tu avec esprit ?

    Je vais te le dire : certains ont cru bon de consolider leurs échafaudages par le bas. Ce qui fait que régulièrement t’as des grosses barres métalliques qui dépassent du sol et que tu te prends les pieds dedans en moins de deux.

    Dans le journal, y devait y avoir « recherche boulets du BTP, ingénieurs génie civil s’abstenir ». L’annonce a dû avoir du succès.

     

    Allez je te laisse, j’ai une lessive à faire.

     

    Je te raconterai dans quelques temps d’autres aventures, parce que je planifie mes week ends vers Guilin, Shanghai, Pékin et la grande muraille, bien sûr.

    Si je peux, je me filmerai en train de faire la roue sur la muraille, comme j’ai promis à certaines fréquentations que j’entretiens à la fromagerie. Ca va faire des heureux, ct’histoire..

     

    Plaisir d’offrir, joie de recevoir… 


    Tags Tags :